Bar Rayé Gaspésie - Julien Tremblay

Le cycle de vie fascinant du Bar Rayé et ses grandes migrations saisonnières

Le Bar Rayé : une espèce migratrice clé pour la Baie-des-Chaleurs

Chaque année, partout sur la planète, il y a des migrations naturelles massives d'animaux, dans le ciel, sur la terre comme sous l'eau. Les saisons dictent le mouvement de centaines d'espèces vivant au gré des saisons, et ce depuis des milliers d'années. D'une année à l'autre, le cycle de ces saisons dicte nos vies, et nous oublions parfois à quel point ce cycle est puissant et fragile en même temps.

Le Bar Rayé : un poisson migrateur

Le Bar Rayé fait partie de ces animaux parcourant des distances étonnantes afin d'assurer la continuation et la pérennité de son espèce. Il s'adonne à de grandes migrations saisonnières pour combler ses besoins alimentaires et reproductifs. La population de bars que nous avons la chance de pêcher dans la superbe Baie-des-Chaleurs se reproduit au sud de la baie, soit dans la rivière Miramichi au Nouveau-Brunswick.

La migration des bars dans la Baie-des-Chaleurs

La population de bars que nous avons la chance de pêcher dans la superbe Baie-des-Chaleurs se reproduit au sud de la baie, soit dans la rivière Miramichi au Nouveau-Brunswick. Chaque printemps, au mois de mai, plusieurs bancs de milliers de bars quittent leurs lieux d'hibernation. Provenant de la mer et des plus petites rivières adjacentes, ils se retrouvent tous à l'embouchure et remontent la grande rivière Miramichi.

La fraie du Bar Rayé

Chaque printemps, au mois de mai, plusieurs bancs de milliers de bars quittent leurs lieux d'hibernation. Provenant de la mer et des plus petites rivières adjacentes, ils se retrouvent tous à l'embouchure et remontent la grande rivière Miramichi. Après quelques journées printanières ensoleillées, la température de l'eau atteint le niveau tant attendu ! Le point parfait où l'eau se met littéralement à "bouillir" de poissons en fraie. Les femelles relâchent leurs œufs dans la colonne d'eau, tandis que les mâles les fertilisent immédiatement sur place. En se mélangeant les uns contre les autres, chacun de ces individus participe à son patrimoine génétique. Comme les bars ne font pas de nids, le mélange des gènes et la fertilisation des œufs s'opèrent grâce au léger courant dans la colonne d'eau. Durant cette période, une grande partie de la rivière est fermée à la pêche ainsi qu'à la navigation pour une durée indéterminée.

La protection des œufs de Bar Rayé

Durant cette période, une grande partie de la rivière est fermée à la pêche ainsi qu'à la navigation pour une durée indéterminée. Il y a tout simplement trop de poissons en fraie et un risque trop élevé d'impacts avec les bateaux. À cet instant de leur vie, les œufs sont très fragiles, en plus de nécessiter des conditions rigoureuses frôlant la perfection afin de passer à leur prochain stade de développement.

La survie des alevins

Les alevins qui réussissent à passer à travers leur première année ont de très bonnes chances de se reproduire à leur tour le jour venu. Cependant, plusieurs facteurs entrent en jeu et certaines saisons sont plus productives que d'autres. En somme, la migration et la fraie des bars sont des processus essentiels à la survie de cette espèce.

Les alevins mature et leur vie en mer

Ensuite, les alevins matures quitteront la Miramichi pour se diriger vers le Golfe du Saint-Laurent où ils s'éparpilleront sur les côtes en quête de nourriture. Certains nageront vers le nord en direction de la péninsule Gaspesienne, la Baie-des-Chaleurs. D'autres mettront le cap au sud de l'île du prince Edward jusqu'à la pointe de l'île du Cap-Breton en Nouvelle-Écosse. Ils deviendront de féroces prédateurs et joueront un rôle clé dans l'écosystème marin du Golfe. Ils passeront plus ou moins 3 ans en mer à faire face à l'adversité avant de finalement retourner aux bercails. Toutefois, ce sera uniquement lorsqu'ils auront atteint la maturité et la capacité de se reproduire. Les adultes feront de grands voyages tout au long de leur cycle de vie qui dure en moyenne 20-25 ans dans nos eaux nordiques et ils se reproduiront plusieurs fois durant toutes leurs années de maturité.

Les Bars Rayés adultes dans la Baie-des-Chaleurs

Plusieurs bancs de Bars Rayés adultes se dirigent vers la Baie-des-Chaleurs après leur période de reproduction pour trouver de la nourriture. Ils se nourrissent de tout ce qu'ils peuvent trouver, comme les lançons, les maquereaux, les capelans, les harengs, les homards et plus encore. Ils passeront l'été dans la baie, se régalant de cette nourriture abondante tout en parcourant des centaines de kilomètres le long des côtes. L'eau légèrement plus chaude de la baie est très attrayante pour plusieurs espèces et le bar en profite aussi.

Les déplacements des Bars Rayés le long des côtes

Certains bancs de Bars Rayés remontent la péninsule gaspésienne vers l'estuaire du Golfe en suivant les courants chauds. Ils se rendent jusqu'aux alentours de Rimouski où ils rencontrent et croisent la "nouvelle" population de Bars Rayés du Saint-Laurent qui a récemment été réintroduite avec succès. Lorsque les conditions le permettent et que les courants marins sont favorables, ils traversent même vers la côte nord, où par exemple en 2017, les prises étaient courantes sur toute la côte dans des secteurs qui auparavant n'avaient aucune trace de Bars Rayés. Il est fort probable que les bars qui visitent la côte nord et le Saguenay soient un mélange des deux populations, les études à venir le détermineront plus précisément.

Le retour du Bar Rayé dans l'embouchure de la rivière Miramichi : une espèce fragile

À la fin de la saison estivale, lorsque la température de l'eau commence à baisser et que les journées commencent à raccourcirs, le signal est lancé. Un peu comme les oiseaux migrateurs, plusieurs bars vont quitter l'estuaire du Golfe pour faire un retour dans l'embouchure de la rivière Miramichi. Quelques poissons remontent déjà la rivière à l'automne, certains n'auront pas le temps de s'y rendre et passerons l'hiver dans l'embouchure de plus petites rivières où la température de l'eau est légèrement plus élevée que celle de la mer et d'autres, restent pris au piège et meurent en mer... Nos populations de Bars Rayés sont à la limite nordique de la répartition de l'espèce et malheureusement, nos Bars paient parfois le prix de vivre dans des eaux très froides, ne survivant pas aux hivers rigoureux.

Le déclin de la population de Bars rayés : causes et conséquences.

Plusieurs facteurs peuvent affecter le taux de reproduction et les humains ont une grande influence sur le milieu de vie de ce poisson, en partie à cause du simple fait qu'il passe sa vie près des côtes, près de nous... Sans oublier qu'il se reproduit dans des rivières qui demandent des conditions particulières pour le développement des œufs et des alevins. Ces conditions varient grandement d'une année à l'autre. Par exemple, lors d'une des dernières évaluations de la population de Bars rayés dans la Miramichi en 2018, la population avait réduit du tiers comparativement à 2017 (de 900000 à 333000), marquant ainsi la première réduction d'une croissance constante depuis plus de dix ans. Le MPO affirme cependant qu'il y a une grande marge d'erreur sur ces chiffres dans leurs rapports mais la situation est tout de même inquiétante. Le Bar Rayé est un féroce prédateur lorsqu'il est adulte et il est une véritable bénédiction pour les pêcheurs sportifs. Les bancs parcourent les côtes comme une meute de loups dans les montagnes à la recherche de proies faciles. Il contribue à l'équilibre marin de la côte est nord-américaine depuis des milliers d'années et nous avons l'opportunité de pouvoir croiser le fer avec ce poisson dans un décor absolument incroyable sur la côte est du Québec. Il est important de souligner la valeur des retombées économiques de la pêche de ce poisson, mais surtout la valeur qu'il a lorsqu'il est vivant, en santé et qu'il se reproduit.

Le fragile équilibre du cycle de vie de ce poisson peut changer rapidement. Comme nous avons constaté avec la population du fleuve Saint-Laurent, qui à la fin des années 60, a complètement disparu en à peine 10 ans. Les travaux d'excavation de la voie maritime dans le secteur de l'île d'Orléans combiné à une abondance de polluants dans les zones de reproduction et de croissance des alevins auront eu raison de la population du Saint-Laurent, une extermination causée par l'homme.

Succès du programme de réintroduction du Bar Rayé au Québec

Un programme de réintroduction du Bar Rayé a été instauré au Québec en collaboration avec le Ministère des Pêches et Océans (Fédéral) au début des années 2000, le but étant d'essayer de réintroduire l'espèce disparue dans l'écosystème actuel. Le programme est un véritable succès pour le moment... Les bars ensemencés ont été prélevés dans la rivière Miramichi, développés en piscicultures et à ce jour, nous en sommes à 6.5 millions de Bars de plusieurs tailles différentes (majoritairement des alevins) qui ont été ensemencés. La qualité de l'eau du fleuve s'est grandement améliorée depuis l'époque et les travaux de dragage de la voie maritime sont effectués différemment. Nous avons d'un certain sens développé une conscience écologique, mais la ligne est tellement mince entre l'environnement et le développement économique. Il ne faut pas prendre pour acquis que le Bar est revenu pour de bon, car plusieurs questions demeurent sans réponses et des études plus approfondies sont grandement nécessaires. L'avenir est certainement plus glorieux qu'il était pour le Bar du Saint-Laurent et les pêcheurs sportifs pourront bientôt profiter du fruit de la réintroduction d'une "nouvelle" espèce absolument fascinante à pêcher.

La popularité grandissante du Bar Rayé dans le monde de la pêche sportive en Gaspésie

Un programme de réintroduction du Bar Rayé a été instauré au Québec en collaboration avec le Ministère des Pêches et Océans (Fédéral) au début des années 2000, le but étant d'essayer de réintroduire l'espèce disparue dans l'écosystème actuel. Le programme est un véritable succès pour le moment... Les bars ensemencés ont étés prélevés dans la rivière Miramichi, développés en piscicultures et à ce jour, nous en sommes à 6.5 millions de Bars de plusieurs tailles différentes (majoritairement des alevins) qui ont été ensemencés. La qualité de l'eau du fleuve s'est grandement améliorée depuis l'époque et les travaux de dragage de la voie maritime sont effectués différemment. Nous avons d'un certain sens développé une conscience écologique, mais la ligne est tellement mince entre l'environnement et le développement économique.

Il ne faut pas prendre pour acquis que le Bar est revenu pour de bon, car plusieurs questions demeurent sans réponses et des études plus approfondies sont grandement nécessaires. L'avenir est certainement plus glorieux qu'il était pour le Bar du Saint-Laurent et les pêcheurs sportifs pourront bientôt profiter du fruit de la réintroduction d'une "nouvelle" espèce absolument fascinante à pêcher.

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La richesse de l'écosystème marin de la Baie-des-Chaleurs